Vendredi 12 novembre 2021

En bleu et blanc, des supporters de l'OM disent adieu au "boss" Tapie au Vélodrome

AFP - NICOLAS TUCAT

En bleu et blanc, quelque milliers de supporters de l'Olympique de Marseille sont venus jeudi au stade Vélodrome pour un dernier adieu à Bernard Tapie, le "boss", ce Parisien vénéré pour avoir conduit le club sur le toit du football européen.

A 18h25, quelques secondes de silence accueillent l'entrée sur la pelouse du cercueil de l'ex-président de l'OM (1986-1994), décédé dimanche du cancer à son domicile parisien. Puis les applaudissements retentissent pour un dernier hommage à celui qui a conduit le club à la victoire en Ligue des champions, en 1993, la seule jamais gagnée par le football français.

Quelques instants plus tôt, les quelque 3.000 supporters olympiens rassemblés dans une tribune du Vélodrome avaient pu revivre, sur les écrans géants du stade, la première mi-temps de cette fameuse finale face au Milan AC, jusqu'au but victorieux de Basile Boli, à la 44e minute.

Le cercueil, recouvert d'un drapeau de Marseille et d'un autre frappé du portrait de l'ex-homme d'affaires, ainsi que des écharpes des sept clubs de supporters de l'OM, est posé au centre du terrain. Puis la coupe aux grandes oreilles est amenée et posée elle aussi au dessus de la dépouille, alors que résonnent les notes de "Jump", de Van Halen, puis "We Are The Champions", de Queen.

"Supportrice de l'OM et anti-parisienne", Micheline Duval, 61 ans, membre du club de supporters des Winners et femme de ménage, vêtue aux couleurs du club de la tête aux pieds, masque anti-Covid compris, est "venue rendre hommage au seul Parisien reconnu par les Marseillais". Il nous a "amenés au sommet", insiste-t-elle.

"L'hommage qu'on lui rend n'est rien à côté de ce qu'il mériterait. On ne devrait pas parler du passé", lâche-t-elle, en évacuant les condamnations judiciaires de l'ancien dirigeant au bagout légendaire: "Il faut arrêter de toujours revenir sur ses condamnations, il a été condamné par jalousie et envoyé en prison parce qu'il gênait".

- "Tous notre part d'ombre" -

Dans la tribune des VIP, tout le gratin politique marseillais est là: le maire socialiste de la ville Benoît Payan, la présidente LR de la métropole et du département Martine Vassal, le président LR de la région Renaud Muselier.

Sur les écrans géants du stade, des photos défilent: Bernard Tapie dans les vestiaires, avec ses joueurs ou au bord de la pelouse. Des photos de son passage dans le football, surtout, mais aussi avec le président François Mitterrand, dont il a été un très éphémère ministre de la Ville, ou sur son bateau, dans les calanques.

"Quand on est supporter, c'était indispensable de venir aujourd'hui", insiste Antony, 31 ans, employé à la ville, qui a pris sa journée pour venir "rendre hommage à Tapie", qu'il estime "indissociable du club". Le jeune homme retient "la fougue", "le charisme" et "l'envie de gagner" du hâbleur homme de média, qui possédait le groupe La Provence. "Une personnalité qui a collé avec l'OM", même si "au début on se méfiait, parce qu'il était parisien", reconnaît-il.

Le supporter préfère retenir le sacre de 1993 et ne lui tient pas rigueur de ses multiples condamnations judiciaires: "On a tous notre part d'ombre", lâche-t-il simplement, reconnaissant seulement "qu'il a fait une grave erreur" en achetant le match contre Valenciennes en 1993.

Vendredi, les supporters pourront une dernière fois accompagner Bernard Tapie, derrière le convoi funéraire, pour une procession entre le Vieux Port et la cathédrale de la Major, où sera célébrée la messe de ses obsèques à 11h00.

L'inhumation aura ensuite lieu au cimetière de Mazargues, dans les quartiers sud de la ville.