Charles Compagnon, conseiller municipal d'opposition à Rennes, président du groupe Libres d'Agir pour Rennes
Émission du 16 mai 2025. Ce vendredi, Charles Compagnon, conseiller municipal d’opposition à Rennes et président du groupe Libres d’Agir pour Rennes, était l’invité politique de la matinale de Bretagne 5.
Au micro de Bretagne 5 Matin, l’élu rennais est revenu sur un épisode marquant : la fusillade à laquelle il s’est trouvé involontairement confronté le 17 avril dernier, alors qu’il déjeunait dans un restaurant Subway, sur la dalle Kennedy. Cette attaque à l'arme lourde, sur fond de guerre de territoire entre trafiquants de drogue, a fait quatre blessés. Charles Compagnon a décrit une scène d’une extrême violence et d’une rapidité saisissante, s’étonnant encore qu’aucune victime ne soit à déplorer parmi les nombreux clients présents dans l’établissement. Charles Compagnon a dénoncé une nouvelle fois la dégradation de la situation sécuritaire à Rennes, notamment dans les quartiers sensibles. Il a rappelé qu’une seconde fusillade avait eu lieu depuis cet événement, le samedi 3 mai, dans le quartier de Villejean, non loin du même restaurant, faisant cette fois deux blessés près d’un point de deal.
Selon lui, ces faits illustrent une montée de la violence que les pouvoirs publics ne parviennent pas à endiguer. Il pointe notamment le manque de moyens alloués aux forces de police, et en particulier au manque d’enquêteurs. Il critique également la municipalité rennaise, qu’il accuse d’inaction, notamment en matière de vidéosurveillance. Charles Compagnon regrette que la police municipale ne soit pas armée, estimant qu’elle ne peut ainsi jouer pleinement son rôle d’appui face à des affrontements impliquant parfois des armes de guerre. Charles Compagnon est également revenu sur les tensions récentes entre le syndicat FO Police et la maire de Rennes, Nathalie Appéré, à propos de la marge de manœuvre de la municipalité en matière de sécurité. Il estime que la Ville ne peut plus se contenter de renvoyer la balle à l’État, et qu’elle doit prendre toute sa part dans la réponse à apporter face à une situation devenue critique.
Dans une perspective plus large, l’élu rennais a partagé les enseignements de sa « tournée des mairies » dans plusieurs grandes villes, comme Toulouse ou Caen, où il a échangé avec les maires et les élus sur les enjeux croisés de sécurité, d’urbanisme et de mobilités. Il a souligné le rôle que joue l’aménagement urbain dans le développement des trafics et de la délinquance. À Rennes, certains plans de quartiers, selon lui, compliquent le travail des forces de l’ordre et facilitent les activités illicites. S’il a salué les efforts de rénovation urbaine engagés par la municipalité, il a toutefois rappelé que cela ne suffit pas. Il a cité l’exemple du quartier du Blosne, où, malgré les transformations engagées, une fusillade d’une heure avait éclaté en mars 2024, preuve selon lui que le problème sécuritaire dépasse largement la question de l’aménagement.
Sur le terrain politique, Charles Compagnon n’exclut pas une alternance lors des municipales de 2026. Il estime qu’un large rassemblement de la droite et du centre pourrait répondre à une forte demande de changement exprimée par les Rennais. Interrogé sur une éventuelle candidature à la mairie de Rennes, il a répondu avec humour qu’il « se rasait le matin... », ne fermant donc pas la porte à cette option. Il a cependant insisté sur l’importance de rester concentré sur les enjeux locaux, se montrant volontairement réservé sur les débats nationaux, qu’il observe néanmoins avec attention.
Charles Compagnon a évoqué le contexte budgétaire contraint auquel font face les collectivités, et les difficultés sociales croissantes à Rennes. Il a plaidé pour un renforcement des politiques d’éducation, de formation, et de médiation, notamment à destination des jeunes, dont certains sombrent dans la délinquance, notamment dans trafic de drogue qui est très lucratif. Face à cela, il appelle à une « union sacrée », dépassant les clivages politiques, pour faire front commun contre un phénomène qui, selon lui, menace de devenir incontrôlable. Enfin, Charles Compagnon a alerté sur la montée d’une forme de radicalité dans la société française, qui pousse de plus en plus de citoyens vers les extrêmes, qu’ils soient incarnés par La France insoumise ou le Rassemblement national. S’il reconnaît la légitimité démocratique de ces choix, il y voit aussi l’échec d’une classe politique qui n’a pas su répondre aux attentes des Français.