Jean-Paul Vermot, maire de Morlaix, président de Morlaix communauté
Émission du 30 janvier 2025. Jean-Paul Vermot, maire socialiste de Morlaix et président de Morlaix Communauté, était l'invité politique de la matinale de Bretagne 5 ce jeudi.
Au micro de Bretagne 5, il est revenu sur la lutte engagée contre le trafic de stupéfiants dans sa ville, un combat qui lui a valu des menaces après le démantèlement de deux points de deal. Il a expliqué comment, alerté par les habitants, il s'était rendu sur le terrain pour aller au contact des dealers. Il a également longuement évoqué l'extension du narcotrafic, qui ne se limite plus aux grandes agglomérations mais touche désormais aussi les villes moyennes et même les zones rurales. Cette expansion complique davantage la lutte contre ce fléau, rendant l’action des autorités plus ardue.
Jean-Paul Vermot a insisté sur un phénomène inquiétant : le recrutement de trafiquants de plus en plus jeunes et la banalisation croissante de la violence, notamment avec l’usage d’armes à feu pour régler les conflits de territoires entre bandes rivales. Il a souligné que cette escalade de la brutalité représente une menace non seulement pour les forces de l'ordre, mais aussi pour les habitants, pris en otage par cette insécurité grandissante. Concernant les solutions à apporter, le maire de Morlaix a mis en avant la nécessité d’une action concertée entre l’État, les services de police et les services fiscaux afin de lutter efficacement contre le trafic de stupéfiants. Il a plaidé pour des moyens accrus, non seulement en matière de répression, mais aussi dans les domaines de la prévention, de l’éducation et de la santé. Il a insisté sur l’importance du traitement des addictions et du renforcement des services de psychiatrie pour accompagner les consommateurs vers une sortie durable de la dépendance.
Par ailleurs, Jean-Paul Vermot a rappelé que la lutte contre le narcotrafic ne pouvait faire l’impasse sur les dimensions sociales et économiques du problème. Selon lui, la précarité constitue un terreau favorable au recrutement de jeunes dans les réseaux criminels. C’est pourquoi il appelle à une réponse globale et pluridisciplinaire, associant non seulement les forces de l’ordre, mais aussi les acteurs sociaux, les associations, la protection judiciaire de la jeunesse et les établissements scolaires. Cette synergie est, selon lui, essentielle pour empêcher que des adolescents en difficulté ne basculent dans l’engrenage du trafic.
Il a également exprimé son inquiétude face aux restrictions budgétaires qui menacent de priver les dispositifs de lutte contre le narcotrafic de ressources indispensables. Une diminution des moyens risquerait d’accentuer l’ancrage du phénomène et de rendre la situation encore plus difficile à contrôler.
Enfin, Jean-Paul Vermot a abordé la question de la dépénalisation des drogues douces, qui, selon lui, « ne le sont plus vraiment en raison des taux de THC bien plus élevés dans les produits actuellement en circulation ». Il estime que la seule manière d’affaiblir durablement les réseaux de trafiquants est d’« assécher financièrement leur économie », ce qui permettrait, à terme, de limiter leur pouvoir et leur capacité à corrompre les institutions. Le maire de Morlaix a affirmé sa détermination à mener ce combat difficile, tout en appelant à une mobilisation collective pour enrayer ce fléau qui gangrène de plus en plus de territoires en France.
