Matthieu Nicol, Secrétaire général de la CGT des Côtes-d’Armor
Émission du 26 mars 2025. Matthieu Nicol, secrétaire général de la CGT des Côtes-d’Armor, était l'invité politique de la matinale de Bretagne 5 ce mercredi. Il est notamment revenu sur la décision récente de la CGT de quitter le conclave sur la réforme des retraites, à la suite d'une consultation interne, en réaction aux propos tenus par François Bayrou. En effet, ce dernier avait exprimé son opposition à un retour de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, une position jugée inacceptable par la CGT.
Matthieu Nicol a expliqué les raisons profondes qui ont motivé le départ de la CGT des négociations, soulignant l'incohérence des changements de position du gouvernement ainsi que les nouvelles conditions imposées par le Premier ministre en cours de discussion. Il a réaffirmé que la CGT possède des propositions concrètes pour garantir le financement du régime des retraites, y compris en envisageant un retour à l'âge de départ à 60 ans. Dans un contexte où désormais trois organisations syndicales se sont retirées des discussions et où les représentants du patronat exigent une réforme plus radicale, Matthieu Nicol estime qu'il est nécessaire de construire un nouveau rapport de force, sans pour autant préciser la forme exacte que ce dernier pourrait prendre.
Par ailleurs, Matthieu Nicol a longuement abordé la question spécifique de l'emploi des seniors, dressant un constat préoccupant : de nombreuses entreprises sont réticentes à prolonger les carrières des salariés approchant l’âge de la retraite, invoquant le coût élevé des salaires liés à l'expérience. Il déplore une tendance persistante chez les employeurs à préférer embaucher des jeunes dont les prétentions salariales sont moins élevées, ce qui fragilise la situation professionnelle des seniors. Matthieu Nicol a également soulevé la problématique de la dégradation générale des conditions de travail ces dernières années, évoquant une perte significative du sens du travail, accentuée par le recul des pratiques collectives. Il a notamment pris pour exemple le télétravail, qui, bien qu'encadré, tend à favoriser l'individualisme et un certain repli social parmi les salariés.
Revenant sur la mobilisation du 22 mars, Matthieu Nicol a insisté sur le rôle fondamental joué par les organisations syndicales dans la lutte contre les discriminations, le racisme et l'essor inquiétant des idées d'extrême droite. Il a rappelé les actions menées par la CGT pour soutenir concrètement les travailleurs sans papiers et, plus largement, les salariés issus de l'immigration. Matthieu Nicol a également souligné la nécessité d'une politique d’accompagnement efficace pour ces travailleurs, notamment dans des secteurs clés comme l'industrie, la restauration ou, en Bretagne, l’agroalimentaire et le tourisme, confrontés à des besoins importants en main-d’œuvre.
Sur le plan politique, Matthieu Nicol a exprimé ses inquiétudes quant à la montée des idées conservatrices portées par le Rassemblement national à l'approche de l’élection présidentielle de 2027. Il craint notamment une progression inquiétante de l’électorat du RN parmi les travailleurs et salariés, guidée selon lui par une forme de désespérance et de colère compréhensible, mais qu'il considère comme un choix préjudiciable à leurs intérêts et à la préservation des acquis sociaux. Face à ce risque, il appelle de ses vœux une union des forces de gauche capable de constituer un rempart efficace contre la menace d'une victoire du RN.
Enfin, Matthieu Nicol a annoncé plusieurs mobilisations à venir, notamment un rassemblement dans le secteur de la santé privée et de l'action sociale le 1er avril prochain, ainsi qu’un appel à la mobilisation nationale dans la fonction publique prévu le 3 avril, visant notamment à dénoncer les politiques d’austérité susceptibles de se renforcer avec l'instauration annoncée d'une « économie de guerre ».