Nil Caouissin, conseiller régional de Bretagne, militant de l'Union Démocratique Bretonne (UDB)
Émission du 2 juin 2025. Nil Caouissin, conseiller régional de Bretagne, militant de l’Union Démocratique Bretonne (UDB), était l’invité de la matinale de Bretagne 5 ce lundi.
Au cours de cet entretien, Nil Caouissin s’est exprimé sur la possible réouverture de la ligne SNCF Auray - Saint-Brieuc. Il a vivement critiqué les velléités de certains élus costarmoricains qui souhaiteraient transformer une partie de cet axe ferroviaire en voie verte. Il a rappelé que, “jamais une ligne de chemin de fer transformée en voie verte n’a été remise en service pour la circulation des trains. L’opération est irréversible.” Selon lui, il est impératif que la Région Bretagne, compétente en matière de transports ferroviaires, prenne en main ce dossier. Il a annoncé que l’UDB allait prochainement demander à la Région d’étudier la possibilité de remise en service de cette ligne, la seule encore existante qui permette de traverser la Bretagne du nord au sud. Nil Caouissin a souligné l’importance de cet axe pour désenclaver le centre Bretagne, tant sur le plan économique – avec la perspective d’implantation d’entreprises qui utiliseraient le rail pour le fret – que pour les Bretons eux-mêmes. Il a insisté sur les besoins des actifs, notamment ceux qui pourraient s’installer en centre Bretagne, où l’immobilier est plus abordable, si le train offrait une alternative fiable pour les trajets domicile-travail. Il a plaidé pour des liaisons cadencées, assurées par des matériels roulants modernes et économiques, répondant à la demande croissante des Bretons pour une alternative à la voiture.
Nil Caouissin a également évoqué l’action entreprise par l’UDB pour obtenir la vérité sur le naufrage du chalutier Bugaled Breizh, survenu le 15 janvier 2004. Il a mentionné l’envoi d’un courrier officiel au président des États-Unis, Donald Trump, pour demander la déclassification de documents concernant les mouvements de sous-marins américains dans la zone où le Bugaled Breizh a disparu. Il a précisé que “cette démarche n’a pas pour but d’accuser qui que ce soit, mais simplement de faire la lumière sur ce qui s’apparente à un accident entre le chalutier et un sous-marin.” Il a ajouté que l’UDB avait également interpellé, dans les mêmes termes, le Premier ministre François Bayrou ainsi que ses prédécesseurs à Matignon pour lever le secret-défense et enfin connaître la vérité.
Sur le plan législatif, Nil Caouissin est revenu sur l’adoption récente, par l’Assemblée nationale, des deux textes relatifs à la fin de vie : l’un sur les soins palliatifs, l’autre encadrant l’aide à mourir. Il a reconnu les inquiétudes suscitées par le texte sur l’aide à mourir, notamment les craintes de dérives possibles dans un système de santé déjà sous tension, et alors que les unités de soins palliatifs sont inégalement réparties sur le territoire. Nil Caouissin a insisté sur la nécessité “de permettre à tous d’avoir une fin de vie digne, sans être obligé de choisir de mourir”, tout en saluant une loi qui, selon lui, offre une liberté de choix à la personne en fin de vie.
Nil Caouissin a également abordé le projet de loi porté par le sénateur Duplomb, officiellement destiné à simplifier les normes et démarches administratives pour les agriculteurs, mais qui sera directement examiné en commission mixte paritaire, sans débat préalable à l’Assemblée. Il a dénoncé les retours des pesticides que ce texte permettrait, et a réaffirmé son soutien à l’agriculture biologique comme alternative. Il a appelé le gouvernement à prendre conscience de la catastrophe écologique qui se profile, et à accompagner les agriculteurs vers la transition, en interdisant progressivement les produits phytosanitaires. Il a aussi insisté sur la nécessité de protéger les agriculteurs, tant sur le plan économique que dans leur capacité à vivre de leur travail tout en respectant l’environnement. Enfin, il a plaidé pour le renouvellement des outils de contrôle du foncier, face aux appétits grandissants des spéculateurs pour les terres agricoles.
Sur le front culturel, Nil Caouissin s’est inquiété du déclin des locuteurs des langues de Bretagne, le breton et le gallo. Il a souligné l’urgence de préserver ces langues et d’inverser la tendance. Il a exhorté la Région à intensifier ses efforts pour renforcer la place du breton et du gallo dans l’espace public, saluant par exemple les annonces dans les trains régionaux désormais diffusées dans ces deux langues, en plus du français, preuve de leur vitalité et de leur usage quotidien. Il a cité le Pays de Galles comme modèle, où une politique linguistique ambitieuse et un enseignement structuré ont permis de redynamiser l’usage du gallois. Il a aussi plaidé pour un apaisement des tensions entre bretonnants et gallésants, afin que ces deux langues puissent coexister dans le respect de leurs aires géographiques respectives. Enfin, Nil Caouissin a déploré la réduction des programmes régionaux au sein de l’audiovisuel public, en particulier en breton. Il a dénoncé une volonté parisienne de réduire la production régionale et a plaidé pour la création, par la Région Bretagne, d’un véritable service public audiovisuel régional, incluant naturellement le breton et le gallo.
En conclusion, Nil Caouissin a abordé la situation budgétaire de la France et les coupes qui vont frapper les collectivités territoriales. Il a rappelé la nécessité de préserver les budgets dédiés au social et à la culture, soulignant que “la culture demeure une composante importante de la vie sociale.” Il a alerté sur le déséquilibre de financement du ministère de la Culture, qui privilégie la région parisienne au détriment des autres régions, et a mis en garde contre les inégalités territoriales qui pourraient en découler si les collectivités locales ne parviennent pas à financer la culture dans les régions.