Thierry Burlot, président du comité de bassin de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, président du Cercle français de l'eau
Émission du 9 mai 2025. Invité de Bretagne 5 Matin ce vendredi, Thierry Burlot, président du comité de bassin de l'Agence de l’eau Loire-Bretagne et président du Cercle français de l’eau, est revenu sur les grands enjeux liés à la gestion de la ressource en eau, dans un contexte de changement climatique et de tensions croissantes sur les usages.
Dès le début de l’entretien, Thierry Burlot a rappelé une évidence trop souvent oubliée : l’eau n’est pas une ressource inépuisable. Les périodes de sécheresse, de plus en plus fréquentes et intenses, affectent durablement les nappes, les cours d’eau et les réserves disponibles. À cela s’ajoutent des problèmes persistants de qualité des eaux de surface, de plus en plus touchées par des pollutions d’origines agricole et industrielle. Face à ces défis, Thierry Burlot a plaidé pour un accompagnement ambitieux du monde agricole, afin d’encourager une transition vers des pratiques plus durables, notamment à travers le développement de l’agroécologie. Il insiste sur la nécessité d'une transformation profonde, menée avec les agriculteurs, et non contre eux. Thierry Burlot a appelé également à une large prise de conscience collective autour de la préservation de l’eau. Chacun — citoyens, collectivités, industriels — doit s’impliquer dans une logique d’économies, à la hauteur des enjeux. Il a d’ailleurs anticipé une hausse du prix de l’eau dans les années à venir, justifiée par les investissements à engager pour renouveler les réseaux vieillissants, mais aussi par le coût croissant des technologies de dépollution.
Sur la question sensible du stockage, Thierry Burlot s'est voulu très clair : « Le stockage de l’eau n’est pas une grossièreté. » Bien au contraire, il a estimé qu’il s’agit d’un levier indispensable pour garantir un accès équitable à la ressource. Toutefois, il a souligné que ces projets doivent être conduits dans un cadre transparent et concerté, en particulier à l’échelle locale, pour éviter les tensions et conflits comme ceux observés à Sainte-Soline en mars 2023. Évoquant la situation en Bretagne, Thierry Burlot a dressé un état des lieux contrasté, marqué par de fortes disparités entre l’Est et l’Ouest de la région. Il a salué la solidarité territoriale qui s’exerce dans le partage de l’eau, et rappelé que la Bretagne dispose d’infrastructures stratégiques. Il a cité notamment le barrage de Saint-Barthélemy sur le Gouët, et celui de Guerlédan sur le Blavet — le plus grand lac artificiel de Bretagne, avec une capacité de 51 millions de m³ — essentiels pour sécuriser l’alimentation en eau, notamment en période de sécheresse et compte tenu de l’augmentation prévue de la population de la Bretagne dans la prochaine décennie.
Enfin, Thierry Burlot a évoqué le 12ᵉ programme des agences de l’eau, prévu pour la période 2025-2030. Ce programme intervient dans un contexte de fort déséquilibre entre les besoins et les moyens : 13 milliards d’euros manqueraient chaque année pour répondre efficacement aux enjeux liés à la ressource, soit un besoin de 56 % de financement public supplémentaire. Pour combler cet écart, Thierry Burlot a proposé une révolution fiscale environnementale, notamment par l’application du principe pollueur-payeur. Les fabricants de substances chimiques persistantes, parfois appelées « polluants éternels », devraient selon lui contribuer davantage, compte tenu de leur impact sur la qualité des eaux et des risques sanitaires associés.
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PAR Stéphane Hamon