Émission du 20 mars 2025. Marie Mesmeur, députée LFI-NFP de la 1ᵉᵗʰ circonscription d’Ille-et-Vilaine, était l'invitée de la matinale de Bretagne 5 ce jeudi.
Au micro de Stéphane Hamon, elle a abordé plusieurs thématiques d'actualité, notamment la marche du 22 mars contre le racisme, qui s'inscrit dans un contexte de montée des idées d'extrême droite. Revenant sur la polémique suscitée par la publication par LFI d'affiches controversées représentant Cyril Hanouna et jugées antisémites, elle a rappelé que ces visuels avaient été retirés rapidement. Elle a dénoncé l'instrumentalisation de cette affaire par certains médias ainsi que par les partis de droite et d'extrême droite, y voyant une tentative de détourner le débat de l'enjeu principal de la marche.
La députée a également mis en exergue les fractures qui traversent la société française, marquées selon elle par la montée des idées conservatrices et le recul des valeurs de tolérance et de vivre-ensemble. Elle a pointé la progression du populisme et des idées d'extrême droite, non seulement en France mais aussi à l’international, notamment aux États-Unis. Elle a dénoncé la banalisation de discours et de gestes extrémistes, citant en exemple les saluts nazis d’Elon Musk. Elle a également critiqué certains syndicats étudiants, comme l'UNI, accusés d’adopter des comportements similaires, et s'est étonnée du faible écho médiatique donné à ces faits. Elle a appelé à une « riposte antifasciste » en participant massivement à la marche du 22 mars.
Sur le plan international, Marie Mesmeur a abordé la crise diplomatique entre la France et l’Algérie, en particulier la question du refus d’Alger de reprendre les ressortissants faisant l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Elle a critiqué la gestion de ce dossier par le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et déploré l'absence d'une réelle démarche diplomatique qui, selon elle, aurait pu prévenir l’enlisement de cette crise. Elle a aussi évoqué l'incarcération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, soulignant qu'un dialogue diplomatique plus constructif aurait pu permettre d’apaiser les tensions. Elle a mis en avant les conséquences sociales de cette crise pour les Algériens vivant en France et a insisté sur l'importance du travail mémoriel pour renforcer les relations entre les deux pays.
Plus largement, la députée a exprimé son inquiétude face à la perte d'influence diplomatique de la France, qui semble de plus en plus marginalisée sur la scène internationale. Elle a notamment critiqué l'incapacité française à peser dans les discussions sur le règlement des conflits en Ukraine et à Gaza, insistant sur l'importance du respect du droit international pour favoriser un retour à la paix. Elle a longuement commenté les initiatives diplomatiques de Donald Trump concernant le conflit en Ukraine, dénonçant la posture des États-Unis, qui, selon elle, préfèrent le dialogue direct avec Vladimir Poutine, mettant ainsi Volodymyr Zelensky devant le fait accompli et écartant l'Europe des négociations. Elle a mis en garde contre les conséquences économiques de cette approche, qui, à son sens, profiteront essentiellement aux Américains et aux Russes au détriment des Ukrainiens.
S'exprimant sur la position française quant à une issue diplomatique en Ukraine et sur l'économie de guerre prônée par Emmanuel Macron, Marie Mesmeur s'est interrogée sur la capacité du gouvernement à financer un effort de défense massif alors que la situation budgétaire du pays est jugée préoccupante. Elle a dénoncé un paradoxe : alors que des efforts sont demandés aux Français pour réduire la dette publique, les investissements massifs semblent impossibles lorsqu'il s'agit de renforcer les services publics, améliorer le quotidien des citoyens ou financer la transition écologique. Elle a également exprimé son malaise face à l'omniprésence du discours de la guerre dans le débat public, estimant que l’opinion publique était insidieusement préparée à l’éventualité d’un conflit avec la Russie. Elle a enfin critiqué la décision du gouvernement d'envoyer à chaque foyer français un manuel de survie en cas de crise ou de conflit armé, une initiative révélée par nos confrères d'Europe 1.
Enfin, sur le plan local, Marie Mesmeur est revenue sur la visite de Jean-Luc Mélenchon, hier à Brest, où le leader de La France insoumise a confirmé que LFI présentera des listes autonomes « partout où cela est possible ». Si Marie Mesmeur n'a pas parlé de « guerre des gauches », elle a tout de même souligné des divergences de plus en plus marquées avec une partie du Parti socialiste. Elle a ironisé sur le rassemblement de la gauche anti-LFI organisé samedi prochain à Liffré par le président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, y voyant une rencontre de la « vieille garde socialiste », en décalage avec les attentes des électeurs de gauche aujourd’hui.