Émission du 5 mars 2025. Ce mercredi, Dominique Madec, co-porte-parole départemental de la Confédération Paysanne des Côtes d'Armor, était l'invité de la matinale sur Bretagne 5. Trois jours après la clôture de la 61e édition du Salon International de l'Agriculture, il est revenu sur les principaux enjeux agricoles et sur les difficultés persistantes du monde paysan.
Dominique Madec a particulièrement abordé les questions relatives au revenu des agriculteurs et aux impacts du changement climatique, qui ont des conséquences directes sur les pratiques agricoles. Il a également fait état de la colère persistante des paysans et de l'inquiétude grandissante du secteur face au discours gouvernemental, qui met l'accent sur l'augmentation de la production, sans répondre, selon lui, aux véritables problématiques de l'agriculture. Il a regretté que la loi d'orientation agricole, censée tracer la voie pour l'agriculture de demain, ait échoué à définir un nouveau modèle pour le secteur. Au contraire, elle a permis le maintien d’un système agro-industriel qu’il juge dépassé et inefficace.
Le représentant de la Confédération Paysanne a aussi mis en lumière les défis liés à la rémunération des agriculteurs face aux exigences souvent irréalistes de la grande distribution, tout en soulignant l'importance de défendre les consommateurs. Dans ce contexte, il a évoqué le projet de Sécurité sociale de l'alimentation, actuellement en phase de réflexion pour une expérimentation à Saint-Brieuc, et qui vise à améliorer l’accès à une alimentation de qualité tout en soutenant les producteurs locaux. Par ailleurs, Dominique Madec a fait un bilan des lois EGALIM, qui, bien qu’ambitieuses en termes de seuils pour l’alimentation locale et biologique, n'ont pas permis d’atteindre les objectifs fixés. Selon lui, si ces objectifs avaient été respectés, la filière bio, et en particulier celle du porc bio, n’aurait pas rencontré les difficultés actuelles.
Dominique Madec a par ailleurs insisté sur l’urgence de réussir la transition agro-écologique, alors que les préoccupations environnementales sont désormais au cœur des attentes de la société française. Selon lui, ce changement de modèle est d'autant plus nécessaire à l'heure où la pression sur les ressources naturelles se fait de plus en plus sentir. Dominique Madec a également pris position contre les traités de libre-échange, que la Confédération Paysanne rejette fermement. Il plaide pour des accords commerciaux qui préservent les revenus des agriculteurs tout en garantissant le respect des normes alimentaires et environnementales. Il a évoqué, à cet égard, les droits de douane imposés par Donald Trump aux États-Unis, visant le Canada, le Mexique, la Chine et l'Union européenne. Selon lui, ces mesures risquent de pénaliser avant tout les agriculteurs américains, bien que certains secteurs agricoles français, comme la viticulture et les produits laitiers, puissent également en pâtir.
Enfin, Dominique Madec a abordé la question de la transmission des exploitations agricoles, un enjeu crucial à l'heure où 50 % des paysans partent à la retraite dans les dix prochaines années. Le modèle agricole familial, qui a longtemps prévalu, semble céder la place à des exploitations de plus en plus grandes, ce qui soulève des préoccupations concernant la spéculation, notamment foncière. Dominique Madec a rapporté que certaines banques envisagent d'entrer dans le capital d'exploitations agricoles, ce qui pourrait transformer les paysans en simples exécutants au service de grandes entreprises ou multinationales. Un développement que la Confédération Paysanne redoute, estimant que cela met en péril l'avenir du modèle agricole paysan. Il a insisté sur la nécessité d’accompagner les jeunes agriculteurs, notamment ceux qui ne viennent pas forcément du milieu agricole, mais qui souhaitent s’installer et reprendre des exploitations. Ces jeunes, selon Dominique Madec, doivent pouvoir accéder à un soutien structuré afin de garantir la pérennité d'un modèle agricole fondé sur la diversité, la durabilité et l'humain.