Émission du 11 février 2025. Valérie Tabart, conseillère régionale de Bretagne, écologiste et autonomiste, membre du groupe Breizh a-gleiz et du mouvement Ensemble sur nos territoires, était l'invitée politique de Bretagne 5 Matin ce mardi.
Au micro de Stéphane Hamon, Valérie Tabart a notamment abordé la question du budget, à la suite d'une réunion de son groupe politique à Nantes. Elle a particulièrement insisté sur les économies imposées aux collectivités locales, évoquant en particulier la situation des Pays de la Loire, où la présidente de la région, Christelle Morançais, a mis en place un plan drastique de réductions budgétaires d'environ 100 millions d'euros. Valérie Tabart a souligné la brutalité de ces coupes, qui touchent en priorité le monde associatif, en particulier les associations d'aide sociale, mais aussi celles du secteur culturel et sportif.
Tout en reconnaissant la nécessité de réaliser des économies dans un contexte budgétaire contraint, Valérie Tabart a vivement critiqué la méthode ainsi que l'orientation politique de ces mesures. Elle a mis en garde contre le risque de fracturer le lien social, un lien souvent porté par les associations actives sur le terrain. Elle a également alerté sur la menace que représentent ces décisions pour la diversité de l'offre culturelle et l'accès à l'information pluraliste, notamment à travers les médias associatifs, qui risquent de se voir privés des ressources nécessaires à leur fonctionnement.
En revanche, Valérie Tabart a salué la politique adoptée par la Région Bretagne, qui a fait le choix de maintenir ses aides dans les secteurs culturels et sportifs tout en ciblant les économies nécessaires. Elle a indiqué que la Région Bretagne devra aussi contribuer à l'effort national de résorption du déficit public, en devant retrancher 41 millions de son budget, à la suite de l'adoption de la loi de finances via le 49-3 par le Premier ministre François Bayrou - et non les 56 millions annoncés dans le Projet de loi de Finances du gouvernement Barnier. Elle a mis en garde sur les futurs arbitrages régionaux "qui devront s'appuyer sur une vision globale des priorités politiques régionales, plutôt qu'obéir à des logiques gestionnaires de chaque vice-président sur sa politique sectorielle". Elle a précisé que son groupe, qui se situe dans une opposition constructive, continuera de suivre de près l'évolution de la situation, notamment lors des prochaines sessions budgétaires.
Valérie Tabart a également abordé la montée du populisme, tant en Europe qu’en France. Elle a exprimé son inquiétude face à la progression du Rassemblement national, particulièrement en Bretagne, où le parti dirigé par Jordan Bardella semble de plus en plus capter les voix des Bretons, notamment sur des thèmes sensibles comme l'insécurité et l'immigration. Valérie Tabart a appelé à la vigilance et à une action régionale forte pour contrer l'influence de ces idées, en insistant sur la nécessité de "ramener du pouvoir aux territoires, au plus près des habitants et de leurs préoccupations", estimant que c'est le seul moyen d'agir concrètement contre l'extrême droite. Elle a également dénoncé le discours biaisé du RN sur les questions sociales et migratoires, rappelant que "sans l'apport des travailleurs étrangers, l'industrie bretonne, et en particulier le secteur agroalimentaire, ne pourrait pas fonctionner en raison de la pénurie de main-d'œuvre."
Plus largement, Valérie Tabart a souligné un phénomène global de montée du populisme, qu'elle associe à l'élection de Donald Trump aux États-Unis. Elle a critiqué la vision hégémonique du monde du président américain, notamment en ce qui concerne les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle, dans un contexte où Trump refuse toute forme de réglementation dans ce domaine. Elle a mis en garde contre les risques d'ingérence des États-Unis dans les affaires politiques, sociales et économiques européennes, comme en témoigne l'influence croissante des idées d'extrême droite, notamment en Allemagne, où Elon Musk a récemment apporté son soutien à l'AFD lors de la campagne électorale.
Enfin, Valérie Tabart a plaidé pour une société plus équitable, fondée sur une répartition plus juste des richesses. Elle a exprimé ses inquiétudes face à un recul de la conscience environnementale, notamment concernant le réchauffement climatique, qu’elle considère comme un phénomène concomitant à l’avancée des idées libérales et populistes.